Thionville - Pharmacies : « Nous sommes passés de 10 à 80 tests par jour »
Depuis les annonces gouvernementales, le nombre de tests antigéniques pratiqués en pharmacie semble avoir explosé. Photo Illustration RL/Pierre HECKLER
Avec l’arrivée du pass sanitaire, certaines pharmacies font face à un afflux de demandes de tests antigéniques mais également de vaccination. Rencontre avec ces professionnels.
Mis en place dans les bars et restaurants ce lundi, le pass sanitaire peut-être obtenu de plusieurs façons : un parcours vaccinal complet de plus de sept jours (ou 28 dans le cas d’une vaccination à l’aide du vaccin Johnson & Johnson), une preuve de rétablissement ou un test PCR ou antigénique négatif de moins de 72 heures. Ces tests antigéniques étant proposés dans nombre de pharmacies, une nette augmentation de la demande a été observée depuis l’annonce par Emmanuel Macron de la mise en place du pass sanitaire. « C’est simple, nous sommes passés de 10-15 tests par jour à près de 80 à 100 », situe Jean-Christophe Hamelin-Boyer, élu à la ville de Thionville et pharmacien de son état au sein de la pharmacie de la Libération. Même son de cloche du côté de la pharmacie du Parc. « C’est vraiment fou. Nous devons même refuser des personnes car nous ne pouvons pas répondre à toutes les demandes », précise Pierre Mangin, gérant de l’établissement.
Aux dires de l’élu, la grande majorité des patients qui se présentent semble se situer dans une fourchette entre 15 et 45 ans. Les motivations sont, quant à elles, plutôt larges. « Cela va de ceux qui souhaitent se rendre au restaurant ou au cinéma, ceux qui ont besoin de renouveler leur pass toutes les 72 heures pour garder leur boulot en France, en Allemagne ou au Luxembourg ou encore les jeunes qui veulent pouvoir aller en salle de sport, ceux qui veulent voir un proche à l’hôpital. »
Un afflux de patients qui, soulignent ces professionnels, nécessite tout une logistique. « Ce qui est un peu difficile étant donné le contexte des vacances. Pour les patients il faut prévoir un peu plus de temps que d’habitude entre le moment du test et le résultat, de notre côté il faut une personne dédiée. Nous avons eu la chance d’avoir le renfort d’un étudiant en médecine qui pratiquait tant les tests que la vaccination », ajoute Jean-Christophe Hamelin-Boyer.
Cela étant, la décision du gouvernement de stopper le remboursement des tests PCR antigéniques dits « de confort » à partir de l’automne pourrait bien changer la donne. « À 25 € le test (antigénique, NDLR) je pense que plus personne ne viendra », résume Pierre Mangin.
Forte demande sur la vaccination
Une vaccination qui semble également de plus en plus courue. Pharmacie du Soleil, au centre-ville de Thionville, « nous avons mis en place des créneaux supplémentaires. Au début nous ne vaccinions que le lundi, et là face à la demande nous avons étendu au mardi et au mercredi », indique Véronique Claulin, pharmacienne. « Nous avons un rendez-vous tous les quarts d’heure, en flux tendu. Ce qui prend du temps, entre la déclaration Ameli, la transmission du QR Code… C’est le travail d’une personne à plein temps. » Une participation à la campagne de vaccination qui reste néanmoins « limitée par le fait que nous sommes contingentés en doses, reconnaît Jean-Christophe Hamelin-Boyer. Tous nos créneaux sont pleins jusqu’à la fin août, mais pour la semaine à venir nous n’aurons droit qu’à deux flacons, soit 22 doses possibles. Ce qui est peu. Je veux bien croire qu’il y a une volonté à amener les gens à se vacciner, mais il faudrait donner les moyens de le faire. »
Au global, le nombre de tests PCR a diminué dans le Grand Est, une baisse qui ne semble pas encore sensible dans les centres. Photo RL /Philippe NEU
Qu’en est-il des tests PCR ?
Autre pendant du dépistage de la Covid-19 : les tests RT-PCR. Pratiqués en laboratoires, ceux-ci ont un temps de traitement plus long (4 à 5 heures selon les endroits) que l’antigénique, mais présentent une fiabilité accrue. En Lorraine, la société Biogroup Lorraine (anciennement laboratoires Biomer) est l’un des acteurs majeurs dans ce domaine avec plus d’une soixantaine de sites répartis dans les différents départements de l’ancienne région.
Alors qu’en est-il du nombre de ces tests ? Ont-ils eux aussi augmenté ? Pas franchement. « Au cours de la réunion hebdomadaire de cette semaine que nous avons eue avec l’ARS Grand Est, les chiffres nationaux et régionaux nous ont été transmis, avance Frédéric Wehbe, président de Biogroup Lorraine. Au cours de la semaine (qui se comprend comme une semaine de sept jours glissants, NDLR) pour le Grand Est, le nombre de tests antigéniques est passé de 138 000 à 152 000. Pour ce qui nous concerne, les tests RT-PCR sont passés de 153 000 à 140 000 (ces chiffres comprenant l’ensemble des tests réalisés et pas seulement par Biogroup Lorraine). Pour le moment, nous ne notons pas de franche diminution du nombre de tests RT-PCR, mais cela est principalement dû aux vacances. Ces tests sont faits ailleurs. Il faudra voir à la rentrée l’évolution de la situation, mais il est certain que les tests antigéniques ainsi que les autotests vont se multiplier. »
Et pour la facture qui s’annonce avec le déremboursement des tests dits « de confort » par le gouvernement ? « C’est un prix variable en fonction de qui réalise l’acte, mais il s’établit à 44,06 €. »
Par David HOURT