LU POUR VOUS



UN LIVRE A LIRE : POUR LES SOIGNANTS ET LES PATIENTS

Comprendre et pratiquer les nouvelles psychothérapies


Les nouvelles psychothérapies

Le monde est en perpétuel changement mais, parfois il semble se modifier plus rapidement. Nous sommes manifestement en ce début de 21e siècle sur une zone de fracture : nous avons le sentiment de quitter un monde familier avec des repères connus pour nous diriger vers un univers nouveau pour lequel les clefs de compréhension nous manquent et comme tout changement cela est source d’inquiétude.

Les progrès médicaux ont permis au cours de ces dernières décennies des améliorations considérables de notre durée et de notre confort de vie. Il apparaît cependant que nous sommes sans doute parvenus à un terme de notre mode de pensée : il n’est pas question de renoncer à tout ce que la technologie médicale nous a apporté mais de comprendre que la maladie n’est pas seulement la conséquence néfaste d’un agent extérieur mais l'expression complexe de composantes biologiques, psychologiques et sociales.

De ce point de vue, la bonne santé est définie comme une relation d'équilibre entre le corps, les émotions et les pensées d'un individu. Elle préconise une communication effective entre ces trois aspects de la personne et des rapports intelligents entre l'individu, ses semblables et son milieu de vie. On parle d'une approche intégrative, globale et holistique.

Cette nouvelle médecine qui sera celle de demain est en train de naitre devant nos yeux. Les soignants sont cependant mal formés à ce nouvel exercice et les sources d'information sont parfois peu fiables. Le grand mérite du livre de Cyril Tarquinio et de Claude Berghmans est de faire le point très précis des connaissances actuelles sur les nouvelles méthodes de prise en charges psychothérapiques.


    Ce livre s'adresse bien entendu à tous les soignants qui désirent s'informer : médecins, psychologues, infirmières, et aux étudiants de ces différentes disciplines mais il est écrit de façon suffisamment claire pour être lu par tous les patients qui cherchent des solutions pout améliorer leur état de santé, qu'ils soient en souffrance en raison d'une maladie chronique ou qu'ils souhaitent préserver leur bien être. Ce livre répond parfaitement au but de l'éducation thérapeutique : réaliser une véritable relation entre soignant et soigné afin de permettre au patient d'évoluer vers une santé autonome.

Docteur HOUPPE Jean-Pierre, Cardiologue, Coordinateur du programme MEDITAS-CARDIO
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SYSTEME CARDIOVASCULAIRE ET POLLUTION

Pour protéger notre cœur, soyons écolos…

Un nouveau facteur de risque cardiovasculaire, les particules atmosphériques fines et ultrafines, s'ajoute à la liste déjà longue des facteurs de risque classiques (hypertension, hypercholestérolémie, diabète, tabac, stress, sédentarité,…).

Le cardiologue ne peut plus se désintéresser du rôle délétère de celles-ci sur le système cardiovasculaire, car nombreuses sont les études (1,2) de par le monde qui attestent de l'impact des microparticules sur l'augmentation du risque cardiovasculaire, de la mortalité cardiovasculaire et du nombre de cas d'infarctus du myocarde ou d'angor instable et d'accidents vasculaires cérébraux.

Leur origine est diverse : le transport routier intervient à hauteur de 11% dans leur production, 30% proviennent de la combustion industrielle, 27% du chauffage domestique, 30% de l'agriculture.

De par leur taille, les microparticules inhalées sont peu retenues par le système ciliaire bronchique et arrivent directement au contact des alvéoles pulmonaires où elles déclenchent une réaction immuno-inflammatoire locale libérant des facteurs proinflammatoires et pro-oxydants qui passent dans le sang.

Cette réaction immuno-inflammatoire est à l'origine d'une cascade d'évènements touchant les vaisseaux et le coeur : amplification de la réaction inflammatoire au niveau vasculaire avec augmentation du risque de thrombose artérielle ou veineuse profonde et de la dysfonction endothéliale, action procoagulante, perturbation de l'activité électrique des myocytes à l'origine d'arythmies. Tous ces phénomènes concourent à augmenter l'ischémie myocardique, favorisent la rupture des plaques athéromateuses au niveau des coronaires et des artères à destinée encéphalique, à l'origine d'infarctus du myocarde et d'AVC.

Il est probable par ailleurs que les microparticules qui transportent nombre de polluants, en particulier de métaux lourds, ont une action délétère cellulaire directe, car ceux-ci sont absorbés par différentes cellules (macrophages, cellules endothéliales, myocytes) où elles amplifient la production de radicaux libres avec pour corollaire une toxicité cellulaire, une augmentation de l'apoptose (mort cellulaire), de l'activation de gènes de l'inflammation ; elles stimulent aussi la production de facteurs proinflammatoires, procoagulants et diminuent la production de NO ( monoxyde d'azote qui est un puissant vasodilatateur).

Alors que faire au quotidien ?

Marchons au lieu de prendre notre voiture quand nous le pouvons, roulons moins vite, surtout au pourtour des agglomérations (même si cela est agaçant), isolons mieux nos habitations présentes et futures, consommons moins d'énergie pour nous chauffer et privilégions pour une plus large part les énergies propres.

Car il y a une bonne nouvelle, cette conduite civique est efficace : les dernières publications américaines montrent l'impact positif de la réduction de la pollution particulaire sur la morbimortalité coronaire (3).

Servir des petits pains biologiques et du café équitable sur des tables recouvertes de nappes en coton biologique comme cela s'est fait lors du repas offert aux membres du G20 par le président Obama est louable, mais insuffisant ; la signature du protocole de Kyoto par les Etats-Unis d'Amérique serait, en revanche, un geste fort.

Mettons du cœur à préserver notre environnement, nous épargnerons aussi notre cœur.

Dr HOUPPE-NOUSSE Marie-Paule, Maladies Cardiovasculaires

Pour en savoir plus :

  1. Pope CA, Burnett RT, Thun MJ et al. Lung cancer,cardiopulmonary mortality and long-term exposure to fine particulate air pollution.JAMA 2002 ;287 :1132-41
  2. Pope CA,Muhlestein JB,May HT et al. Ischémic heart desease events triggered by short-time exposureto fine particulate air pollutionCirculation 2006; 114;2443-8
  3. Pope CA,Ezzati M, Dockery DW. Fine particulate air pollution and life expectancy in the United States. N Engl J Med 2009; 360:376-86.
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LA CLE D'UN REGIME REUSSI…

De nombreux types de régimes sont à la mode : régime hyperprotéinés (régime Atkins), régimes dissociés (Montignac), diètes protéiques sans sucres… ; mais aucun n'a fait la preuve de son efficacité au long cours, bien au contraire : la reprise de poids est quasi constante, car ces régimes sont impossibles à pérenniser en raison du risque de déficits vitaminiques, fonte musculaire, fatigue et même d'infarctus du myocarde en ce qui concerne les régimes hyperprotéinés.

Une étude randomisée américaine menée sur deux sites (Harvard School Public Health and Brigham and Women's Hospital de Boston et Pennington Biomedical Research Center of the Louisiana State University de Bâton Rouge), entre octobre 2004 et décembre 2007, sur 2 années, vient de montrer que, pour être efficace, un régime doit s'adapter à chaque individu selon ses penchants alimentaires, personnels et culturels. Ce sont surtout la réduction calorique globale, la ténacité et la motivation qui font le succès et non la stricte quantité respective d'aliments de chaque classe alimentaire.

Ce protocole a porté sur 811 personnes représentatives de la population générale pour ce qui concerne l'âge, le sexe, l'origine géographique et la situation économique. L'âge était compris entre 30 et 70 ans, l'indice de masse corporelle entre 25 et 40.

Les personnes ont été randomisées en quatre groupes selon la répartition respective attribuée à chaque catégorie de nutriments : lipides, glucides, protides, étant par ailleurs entendu que tous devaient baisser leur consommation calorique quotidienne de 750 calories et respecter les recommandations cardiovasculaires pour la santé (apport important de fruits, légumes et fibres, apport restreint en cholestérol) :

Après 6 mois, les personnes avaient perdu environ une moyenne de 6 kg, soit 7% de leur poids ; à deux ans, il a été noté que la perte de poids était identique que le régime soit pauvre ou riche en lipides, protides ou glucides (p<0.20) ; elle atteignait en moyenne 4 kg pour 80% de la population, mais au moins 10% du poids initial chez environ 15% des personnes. Le type de nutriments était neutre pour ce qui était des sensations de satiété ou de faim. Il n'a pas non plus été noté de différence d'assiduité entre les différents groupes.

Seules la motivation et la ténacité apparaissent comme un facteur discriminant pour la perte de poids. De plus, c'est l'adaptation aux goûts alimentaires, personnels et culturels de chacun, qui est le meilleur gage d'une consolidation à long terme de la perte de poids.

S'adapter à la personne encore et toujours… reste ainsi l'optique gagnante.


Dr HOUPPE-NOUSSE Marie-Paule, Cardiologue

Pour plus d'informations : Franck Sacks, M.D. and all: Comparison of weight-loss diets with differents competitions of fat, protein and carbohydrates. NEJM. February 26, 2009. Number 9.Volume 360: 859-873.

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LES FRANÇAIS SOUS PSYCHOTROPES

Il y a quelques semaines un article du journal Le Monde signée par Sandrine Blanchard (Le 10 Novembre 2008 en Page 2) est venu rappeler au grand public et aussi aux médecins-lecteurs que nous sommes le problème de la surconsommation de psychotropes en France.

Ce constat est indéniable et tous les rapports le prouvent. En 1990 le syndicat national de l'industrie pharmaceutique commande au Professeur Marcel Legrain un rapport (1) sur l'usage des benzodiazépines. Ce travail non demandé par les autorités de santé n'amène aucune réflexion de fond et débouche uniquement sur des recommandations de durée de prescription en raison du risque évident de dépendance à ce type de traitement. En 1996 le Professeur Edouard Zarifian est sollicité officiellement par le ministère de la santé. Son rapport (2) constate bien entendu cette surconsommation et dénonce sévèrement le parfait accord entre le discours promotionnel des laboratoires pharmaceutiques et celui de nombreux psychiatres universitaires sous l'œil immobile des pouvoirs publics. Dix ans plus tard, en 2006, le rapport (3) de Maryvonne BRIOT, députée, fait au nom de l'Office parlementaire d'évaluation des politiques de santé remarque que rien n'a changé dans cette surconsommation, au contraire, et propose au terme de cette étude de près de 500 pages quelques recommandations de bon sens dont un accès plus facile aux alternatives thérapeutiques (recommandation N°4).

1990, 1996, 2006, 2009 : la situation a-t-elle changé le moins du monde ? Certainement pas comme vient de le montrer une enquête récente publiée par le département universitaire de médecine générale de la faculté de Rouen, présentée le 10 septembre dernier à Paris lors du Congrès International d'Epidémiologie. Le Docteur Alain Mercier y montre que les médecins généralistes sont démunis face à la souffrance psychique et que 95% tentent de la résoudre de façon médicamenteuse (4).

Devant ce problème enkysté faut-il pour autant baisser les bras et admettre que rien ne peut changer comme semblait l'indiquer la conclusion de l'article du Monde ? Peut-être pas.

Il faut tout d'abord reconnaître que certaines explications à cette situation, même si elles semblent séduisantes, ne sont pas pour autant totalement justes, car la réalité est toujours complexe et protéiforme : plutôt que de chercher un coupable, il serait plus juste de reconnaître que chacun de nous porte une part de responsabilité pour chercher ensemble les moyens de sortir de cet état de fait.

Le patient est il coupable : certainement pas. Sans doute est-il demandeur. Mais demandeur de quoi ? Il souhaite simplement que sa souffrance psychique soit entendue et soulagée. Dans une enquête récente que nous avons réalisée en consultation de cardiologie sur près de mille patients sans sélection particulière, nous avons relevé un niveau de stress psychosocial (stress, anxiété et dépression) majeur : 60% de ces sujets se plaignent de stress (21 % de façon majeure), près de 40 % présentent une anxiété (12 % à un niveau élevé) et 20 % ont des signes de dépression (6,6 % de manière caractérisée). Parmi ces patients plus de 4 sur 10 prennent quotidiennement des psychotropes (antidépresseurs, anxiolytiques ou somnifères) soit une consommation 2 fois supérieure à la moyenne française et 6 à 8 fois supérieure à celle de nos voisins européens. Cette prise en charge médicamenteuse ne semble cependant manifestement pas répondre à l'attente des patients puisque 1 sur 4 est demandeur d'une psychothérapie alors que ce type de soutien n'avait été proposé qu'à moins de 5% d'entre eux.

Au regard de tels résultats les médecins et en particulier les médecins libéraux payés à l'acte seraient coupables de trop et mal prescrire. Est-ce aussi simple ?

Disons tout d'abord que le malade imaginaire n'existe pas et face à un patient qui exprime une souffrance psychosociale le médecin peut avoir trois attitudes : la première est de négliger cette plainte, la deuxième est de la psychiatriser d'emblée par la mise en place d'un psychotrope, et la troisième de tenter de la prendre en charge de façon adaptée et efficace.

En pratique comment le faire ?  Obtenir une consultation spécialisée relève souvent du parcours du combattant, tant les consultations de psychiatrie sont surchargées. Par ailleurs la majorité des patients ne relèvent pas nécessairement en première intention du psychiatre. Dans ces conditions, quelle autre solution proposer au patient ? Le médecin n'en voit aucune sauf à s'imaginer psychothérapeute prêt à passer un long moment avec le malade. Mais a-t-il été formé ne serait-ce qu'au rudiment de la psychothérapie et lui a-t-on enseigné d'autres méthodes que la thérapeutique médicamenteuse ? Le temps de répondre à ces questions, le téléphone a sonné trois fois, la salle d'attente grouille de monde, le temps passe et cet acte de parole n'est pas rémunéré. L'ordonnance est alors rédigée non par conviction, mais par défaut : il n'y a apparemment pas d'autre solution.

Le paiement à l'acte serait donc le coupable. Certes non, car la prise en charge n'est pas meilleure ou plus adaptée en milieu hospitalier. Nous n'évoquons pas ici les services spécialisés qui malgré l'énorme pénurie en hommes et en moyens tentent de faire face à la demande psychiatrique lourde dans des conditions de plus en plus difficiles. Nous parlons de cette souffrance psychique au quotidien, peu voyante, qui fait le lit de la surconsommation de psychotropes. Quand un patient tente d'exprimer son anxiété avant une exploration médicale ou une intervention chirurgicale délicate ou se sent un peu « dépressif » après un pontage coronarien il aura vite fait de se voir prescrire un antidépresseur ou un anxiolytique assaisonné d'un somnifère pour mieux s'endormir. L'hôpital français est un bien souvent un désert pour la prise en charge psychologique quotidienne (la très grande majorité des services n'ont pas de psychologues ou des psychologues qui partagent leur temps entre de multiples services, ce qui leur laisse peu de temps pour un travail de fond avec chacun).

Reste un coupable tout désigné : les laboratoires pharmaceutiques dont l'intérêt est de faire prescrire par les médecins des molécules toujours plus nombreuses et plus coûteuses qui seraient mal utilisées. Une fois de plus, la réponse est trop simpliste : nous sommes certes encore à l'ère du tout médicament, mais les choses changent car cet engouement a montré ses limites en termes d'efficacité de santé et de coûts économiques. En France les dépenses ahurissantes en psychotropes témoignent en réalité plus de nos carences pour la prise en charge de la souffrance psychosociale que de l'efficacité du marketing des laboratoires pharmaceutiques qui utilisent dans tous les pays européens les mêmes arguments de vente.

Ainsi, s'il n'y pas un unique coupable, portons nous tous une part de responsabilité dans la surconsommation de psychotropes :

Que faire alors ? Ne pas se contenter de constater mais agir. Tout d'abord, modifier notre vision de la santé et de la maladie comme beaucoup d'autres pays l'ont fait. En France, nous sommes les enfants de Descartes. La maladie est encore trop souvent envisagée sous l'unique angle de la causalité biologique : la dépression est associée à la baisse de certains neurotransmetteurs cérébraux, il suffirait donc de pallier cette anomalie biologique pour guérir le malade. Il nous apparaît stérile de vouloir opposer la prise en charge médicamenteuse et non médicamenteuse, il s'agit seulement de bien déterminer les indications de l'une et de l'autre pour une plus grande efficacité. Certains patients auront absolument besoin de psychotropes, et tout particulièrement ceux qui sont sous diagnostiqués et sous traités à l'heure actuelle car nous traitons mal par défaut dans certains cas et par excès dans de très nombreuses situations. D'autres patients tireront bénéfice d'une approche thérapeutique non médicamenteuse. Et enfin certains d'une prise en charge mixte associant psychotropes et psychothérapie. Nous adapter à une réalité complexe, c'est aborder la maladie sous le triple point de vue bio-psycho-social afin de pouvoir y apporter une réponse thérapeutique qui intègre plusieurs alternatives complémentaires.

Ce changement nécessaire dans notre mode de prise en charge psychique implique que l'Université s'ouvre aux méthodes non médicamenteuses et en reconnaisse l'efficacité lorsque celle-ci elle est prouvée par des études randomisées. Il revient aux médecins généralistes et spécialistes non psychiatres d'apprendre à l'aide de tests simples à mieux différencier la pathologie nécessitant une prise en charge psychiatrique et un traitement médicamenteux de celle pouvant être  prise en charge sans avoir recours au psychiatre et aux psychotropes.

Cependant tout cela ne servira à rien si les médecins et les patients ne disposent de la palette de soins adaptée. Rappelons que dans l'enquête précitée, un quart des patients souhaitaient une aide psychologique et que plus les trois quarts étaient prêts à apprendre des méthodes de gestions non médicamenteuses du stress psychosocial (relaxation, autohypnose, méditation,…).

Il est donc nécessaire, si l'on veut diminuer la consommation de psychotropes, de favoriser des modalités thérapeutiques qui certes existent en France, mais de façon confidentielle. Les psychologues, et en particulier les psychologues de la santé, sont à même, grâce à leur  formation spécifique et à leur pratique, de contribuer au développement de cette prise en charge et de répondre à la demande des médecins et des patients en recourant à des techniques pour certaines peu connues des médecins en France, mais dont les résultats positifs sont de plus en plus étayés sur le plan scientifique (thérapies cognitivo-comportementales, hypnose, méditation en pleine conscience, EMDR).

Pour enfin sortir de cette surconsommation de psychotropes il semble indispensable d'établir des relations beaucoup plus étroites entre psychologues, omnipraticiens et spécialistes. Ainsi, les unités de psychooncologie font maintenant partie intégrante de l'offre de soins de tout centre anticancéreux et la consommation en psychotropes des patients ainsi pris en charge est inferieure à la moyenne nationale alors que leur situation psychologique est souvent plus délicate.

Cet exemple précis d'une prise en charge efficace et réussie doit nous inciter à développer son champ d'application. La souffrance psychosociale doit être prise en compte et soulagée mais certainement pas systématiquement de façon médicamenteuse. Les psychologues peuvent devenir les acteurs efficaces d'une prise en charge non médicamenteuse courte avec des objectifs précis et une évaluation rigoureuse de son efficacité.

A titre d'exemple : un sujet présentant un syndrome dépressif caractérisé tirera bénéfice de soins spécialisés chimiothérapiques ou alliant éventuellement psychotropes et psychothérapie. En revanche un patient qui développe comme 20% des opérés après un geste de chirurgie cardiaque lourde un véritable syndrome de stress post-traumatique (comme les victimes d'attentat) pourra être soulagé par quelques séances d'EMDR réalisées par un psychologue formé à cette technique (taux de succès proche de 80%).

Restera bien entendu à envisager le remboursement de ce type de psychothérapie dans certaines indications précises. Plusieurs études montrent les gains obtenus par cette façon de faire sur les coûts de santé. L'étape préliminaire sera la mise en place en France d'expérimentations sur la prise en charge non médicamenteuse de la souffrance psychosociale pour confirmer leur efficacité et sortir enfin de la surconsommation coûteuse car trop souvent inadaptée de psychotropes.


Docteur HOUPPE Jean-Pierre, Cardiologue, Coordinateur du programme MEDITAS-CARDIO

Bibliographie

  1. Legrain M. Rapport du groupe de réflexion sur l'utilisation des hypnotiques et tranquillisants en France. Paris : SNIP, 1990.
  2. Zarifian E. Mission générale concernant la prescription et l'utilisation des médicaments psychotropes en France. Paris : Odile Jacob, 1996
  3. www.senat.fr/noticerap/2005/i3187-notice.html
  4. www.lemonde.fr - le 9 Septembre 2008
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Emma Bovary au chevet des médecins ou du mariage de l'« evidence based medicine » et de la « literature based medicine »…

Depuis plusieurs années, la tendance est de rapprocher davantage la médecine des sciences exactes plutôt que des sciences humaines et de la littérature. En  France, les dés sont quasiment jetés dès la classe terminale : pas de littérature en dernière année du cursus secondaire pour les lycéens des sections scientifiques et quasi impossibilité pour des littéraires de faire médecine, car la porte est souvent barrée dès l'inscription. Point de salut hors du seul enseignement de la physique, de la biophysique, des statistiques et des mathématiques ; ce type d'enseignement oublie que le bagage scientifique est certes indispensable comme la toile et les pinceaux au peintre, mais que les vrais scientifiques partagent avec les grands artistes un imaginaire, une sensibilité et une ouverture au monde sans a priori.

L' « evidence based medicine » dont on rebat les oreilles de chaque médecin quotidiennement en est l'un des exemples stéréotypés. S'il est incontournable et indispensable que la science soit un des piliers nécessaires au développement d'une médecine de qualité où la recherche scientifique a une place prioritaire, il n'en est pas moins vrai que beaucoup de médecins sont avant tous des thérapeutes en contact avec les patients, ce qui implique une relation empathique avec ceux-ci. Chacun sait aujourd'hui que cette relation est gage d'une meilleure adhésion aux traitements proposés. Etre médecin nécessite certes un bagage scientifique solide, régulièrement remis à jour pour faire bénéficier aux patients des meilleures chances de guérison, mais ce n'est pas une condition suffisante. Il faut que cela s'assortisse d'une relation de qualité où s'instaure une confiance réciproque entre deux être humains. Le médecin doit être capable d'entrer dans le monde de l'autre, de connaître et de comprendre les ressorts de l'âme humaine. En cela, il est avant tout un humaniste imprégné de littérature, de poésie et de philosophie. La médecine est ainsi une science, mais aussi un art.

A l'appui de ce propos arrive des Etats-Unis d'Amérique, last, but not least, un vent de renouveau dans les études médicales ; si la mode du hamburger et du coca-cola qui a été adoptée largement en Europe, n'est pas un exemple à suivre, il est des réformes qui mériteraient un accueil favorable en France.

Un article du New York Times en date du 24 octobre 2008 fait état de l'intérêt, voire de la nécessité, d'inclure la littérature dans un certain nombre de cursus universitaires, en particulier, celui des médecins. Il a été montré que le fait de se frotter aux textes littéraires ou d'écrire des nouvelles ou de la poésie modifie l'analyse clinique des médecins en introduisant une dimension nommée instinct compassionnel. Il est suggéré le recours à la « narrative medicine » pour développer l'empathie des médecins qui seraient plus enclins à comprendre les points de vue, les angoisses de leurs patients et améliorerait leurs compétences professionnelles.

Cette démarche est d'usage au New York Presbyterian Hospital en relation avec l'Université Vanderbilt et au Saint Barnabas Medical Center de Livingstone en relation avec l'Université de Columbia.

La lecture des grands auteurs (Tolstoï, Virginia Woolf, Tchékhov qui était lui-même médecin… la liste n'est pas exhaustive) et l'incitation à écrire des nouvelles ou de la poésie, la discussion en groupe pour tirer des enseignements des différentes œuvres ont été introduites dans la formation des internes (futurs chirurgiens et gynécologues obstétriciens) ; depuis lors, les universitaires ont noté l'amélioration de la relation entre les patient et les internes, avec un effet positif sur la santé et la qualité de vie des patients depuis leur admission jusqu'à la sortie de l'hôpital.

Un exemple à méditer et à faire fructifier dans les facultés de médecine en France…

Dr HOUPPE - NOUSSE Marie-Paule, Cardiologue

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SIDA et risque cardiovasculaire : ce qu'il faut savoir

Les complications cardiovasculaires du SIDA ont changé de visage depuis l'avènement des antiviraux qui ont transformé le pronostic vital de la maladie. Alors que les complications cardiaques (myocardites et péricardites) notées au début du développement du SIDA et liées à l'immunodépression ont régressé, sont apparues depuis l'avènement des antiviraux des complications métaboliques, en particulier glucidolipidiques, propres à ces médications chez des patients dont l'espérance de vie est allongée grâce à ces traitements au prix d'un vieillissement apportant son lot de facteurs de risque cardiovasculaire.

Les complications cardiovasculaires sont devenues la 3ème cause de décès et la 4ème cause d'hospitalisation dans les pays industrialisés.

Les atteintes cardiaques au cours de l'infection par le VHI regroupent les cardiomyopathies, les tumeurs cardiaques, les péricardites, les endocardites, l'HTAP et la maladie coronaire :

Le surrisque actuel de survenue d'une coronaropathie a plusieurs causes : l'augmentation de la survie, des facteurs de risque de maladie cardiovasculaire plus fréquents, des facteurs de risque directement liés au VHI et aux rétroviraux.

Dans les études publiées, il est rapporté qu'il s'agit souvent de patients de moins de 50 ans, avec une durée d'infection et de traitement moyenne longue (plus de 8 ans), un tabagisme important, une dyslipidémie induite par les rétroviraux.

Dans des séries à faible effectif, il n'y a pas de différence significative entre les populations infectées et non infectées par le VHI, avec cependant une prévalence plus importante de l'atteinte coronaire monotronculaire dans en cas de Sida.

Des grandes études prospectives sont en cours (Prognosis of Acute Coronary Syndrome in HIV-infected Patients).

Il est actuellement recommandé d'éviter l'implantation de stents actifs en raison du risque hémorragique lié à la prise prolongée d'aspirine et de clopidogrel.

Recommandations actuelles :

En conclusion :

Dr HOUPPE - NOUSSE Marie-Paule, Cardiologue

Pour ceux qui souhaitent en savoir plus :

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