J'ai été longtemps amoureuse de romans fantastiques et
de sciences-fiction. Cette période s'étendit approximativement de 1960
à 1990. Le genre de l'époque me plaisait. J'avais d'ailleurs suivi, en
pure dilettante, des cours, à la faculté de lettres, concernant "la
littérature fantastique et sa différence avec la science fiction"...
en passant par Poé - Hoffmann - jusqu'aux œuvres de l'époque 1966, je
crois. Je prisais dans ces œuvres une part de non-dit, de mystère, que
je n'y ai plus retrouvée depuis... à présent c'est trop souvent
l'hémoglobine à profusion. J'étais avide de lectures en tous genres,
sauf celles à l'eau de rose, trop lisses à mon goût. A 13 ans, je
fouillais dans le grenier de mes parents, et y lisais : La femme
pressée - Agnès de rien - Le tigre Akbar - et beaucoup d'autres dont
les titres me sont sortis de l'esprit - à 17 ans, quelqu'un m'offrit
Proust et je n'y compris... que dalle - par contre, à 25 ans, je le
relus et le trouvai prenant - comme quoi...
J'aime aussi les biographies de personnes "en vue".
Certaines écrites par leurs auteurs, seuls ou conseillés - d'autres
écrites par des journalistes. Il y a en moi, ainsi, tapie,
une midinette fan de stars ( je ne le crie pas trop sur les toits,
c'est minorant). J'ai lu ainsi pêle-mêle : Cécile, l'épouse de Sarko -
journaliste elle-même, d'ailleurs - j'ai lu Trierweiler - pas aussi
méchante que certains le prônent à propos de Hollande - j'ai lu Line
Renaud, et, depuis ma lecture, je l'admire. Avant, elle ne représentait
pour moi "qu'une personne un peu trop lisse" - et elle en est très
loin. J'ai lu aussi Renaud Séchan, tout dernièrement. En fait
j'ignorais qu'il était un parolier plutôt talentueux...
Enfin, je me suis
véritablement attardée, récemment,
sur deux livres dont je vais vous entretenir plus
spécialement :
- l'un de Stephen
KING : Carnets
Noirs
- l'autre de Paul
JORION : Le
dernier qui s'en va éteint la lumière
CARNETS NOIRS - de
Stephen King - imprimé en 2015
Traduit de l'anglais
(Etats-Unis) par Oceane Bies et Nadine Gassie
Il n'y a pas si longtemps, j'étais peu sensible au rôle
prépondérant d'un bon traducteur (féminin ou masculin). C'est
parce que
je manquais d'une certaine maturité. Je lisais pour lire. Pas pour
m'interroger sur le pourquoi du comment de l'oeuvre. Stephen King est
un auteur prolixe. Wikipédia lui consacre pas mal de texte... J'ai
appris qu'il était prof - ou l'avait été - et même prof d'université,
je crois. Qu'il s'agissait d'un self made man. Qu'il avait eu des
problèmes avec l'alcool. De cela je me doutais un peu - car
de l'alcool, il en parle très souvent dans ses livres. J'ai appris quel
était l'hôtel dont il s'était inspiré, lors d'un certain séjour, pour
écrire SHINING. Ce qui ne m'a pas étonné, car les idées ne tombent pas
du ciel, on s'inspire toujours du réel, et tous les romans sont "à clé".
En général, l'auteur parvient parfois à m'énerver, car
il fait trop
parler ses acteurs (parler ou penser, ce qui revient quasi au même).
Mais c'est dit avec tant de naturel, cela fait "tellement vrai",
qu'on le lui pardonne - souvent même volontiers - j'adore l'entendre
proférer : "cette putain d'clé - cette putain d'course - cette putain
d'agence - cette putain d'merde de n'importe quoi !".
Le plus souvent, quand il raconte, il parle le langage
de Mr tout le
monde : "Il avait pas su - il avait pas pensé" - au lieu de
"il n'avait pas". Parce que ce n'est pas l'auteur qui raconte, avec
le recul de l'observateur - c'est le personnage de son livre qui pense
tout haut. Cela fait qu'on est plus proche du personnage - c'est ce qui
fait qu'on s'y intéresse ! La tâche d'un traducteur n'est jamais facile
lorsqu'il s'agit de traduire un auteur aussi typé... Quels mots choisir
plutôt que tels autres pour traduire la pensée, l'intention ?
Véritablement Stephen King est un artiste. Je n'aime
pas trop les
horreurs qu'il raconte, parfois, mais le reste, et son art du suspense
compensent totalement.
Souvent, S.K. prend pour héros un écrivain (il sait de
quoi et de qui
il parle, héhé!). Dans son présent livre, c'est aussi le cas. Ou, du
moins - et c'est là l'innovation, il y a dans l'histoire un vrai
écrivain - professionnel - assassiné - ainsi que deux écrivains
amateurs et passionnés de l'oeuvre du 1er. L'un, Morris Bellami est
passionné par le héros habituel campé par l'écrivain. Ce
héros au final, ne correspond plus à l'image que son créateur
donnait de lui, au départ. Alors, au fur et à mesure que le temps
passe, Morris devient assez fou pour organiser une expédition au cours
de laquelle il vole tous les manuscrits inédits de l'auteur, en même
temps qu'il lui dérobe son magot. Et, du coup, il
l'assassine... et cela semble être la 1ère raison de l'expédition
organisée : le punir de ne plus être fidèle aux façons d'être du héros
enfanté ! Morris, l'assassin, abrite les manuscrits et l'argent dans
une malle qu'il planque à quelque part, dans une
anfractuosité, à l'abri des regards, du moins dans des
circonstances ordinaires... Puis il va en prison, mais pas du tout pour
ce crime, resté non élucidé. Mais pour un viol. Condamné à de
nombreuises années de prison. Un 2ème écrivain amateur, un jeune homme
nommé Pete, dont les parents ont des revers de fortune, trouve tout à
fait par hasard la malle, se garde d'en informer quiconque, et, après
inventaire, s'empare du contenu, et se met à lire les feuillets de
l'écrivain assassiné, avec une passion de plus en plus exigeante.
Parallèlement, comme ses parents ont besoin d'argent, il leur envoie,
périodiquement, et sous couvert d'anonymat, une somme régulière,
extraite du magot planqué ailleurs, et qui dépanne tout le monde, des
années durant. Jusqu'au moment où... à épuisement de la somme, Pete
cherche une solution pour couvrir les nouveaux besoins de la
famille... Parallèlement Morris sort de prison et trouve... sa malle
vide... et alors... suspens... je m'arrête-là.
J'ai lu le livre avec plaisir et intérêt. Parfois j'ai
sauté plusieurs
pages, mais pas très souvent. Une œuvre à la hauteur des
autres, du même auteur. Car si bien racontée... Avec une logique
rigoureuse et totalement crédible. Malgré des énormités, dont
celle-ci : tuer un auteur parce qu'il vous déçoit en changeant le
style de son héros ! (Faut l'faire !)
Mon sentiment à
propos du livre de Paul Jorion (éditions FAYARD)
LE DERNIER QUI S'EN VA ETEINT LA LUMIERE
Tout ce qui est dit dans ce livre l'est avec
calme, réflexion et une grande pertinence. L'érudition de l'auteur
m'impressionne. Il domine tous les domaines du savoir : littéraire,
médical, informatique, sociologique, philosophique, économique,
politique, financier...
Ce qu'il nous prédit, faute d'un virage à 180 degrés de
nos décideurs, peu probable, car de plus obligatoirement rapide, c'est
notre extinction à la 3ème génération. Ce qu'il explique sidère
d'autant plus que c'est dit sans passion, juste avec une grande
rigueur, un grand soucis d'être complet, de ne négliger aucun
argument. Certes, quelqu'un, comme moi, de peu formé à ce genre
d'explication, risque de se sentir débordé. Mettons que ce n'est pas la
lecture de Mr Tout le Monde, et que cela ne fera pas pleurer Margot.
Paul Jorion ne s'est point astreint à cet énorme bilan, résultat d'un
long travail de recherche, dans le but de faire pleurer Margot, mais
dans celui, évident, de faire réfléchir les décideurs. Ceux qui
détiennent les richesses et donc les leviers de commandes. Peut-être
finiront-ils par avoir peur pour leurs petits enfants, à défaut de
s'inquiéter des 3ème ou 4ème générations d'humains, dont leurs propres
descendants !? L'auteur nous explique que l'homme n'est pas conditionné
pour s'inquiéter des générations futures, à part celles qui lui sont
physiquement proches... petits-enfants... à la rigueur
arrière-petits-enfants...
Je me suis astreinte à relire souvent trois ou quatre
fois la même phrase pour bien la comprendre. Car je sentais qu'il était
de la première importance que je puisse en saisir le sens. J'avais
encore beaucoup à apprendre. Mais il y a aussi dans le livre des
vérités qui sautent à la figure, de compréhension instantanée - que
notre cerveau primitif consomme avec délectation ! Je ne suis pas à la
hauteur, évidemment, pour une analyse approfondie de cette œuvre. Dans
tous les cas, mon but n'a jamais été une analyse approfondie de quelque
œuvre que ce soit. J'ai eu l'idée de transmettre au lecteur mon
sentiment à propos d'une œuvre, et c'est bien ce que j'essaye de
réaliser, ici également.
J'ai retenu en particulier les phrases suivantes : (je
les formule en gras-souligné-italique)
Le titre :
Le dernier qui s'en va éteint la lumière : évoque d'une
certaine façon à mes yeux Christophe Hondelatte et son Accusé
levez-vous. Lui n'éteignait pas la lumière à la fin de
l'histoire. Il ouvrait puis refermait la porte... Comme s'il avait dit
: "Cette histoire, c'était une parenthèse dans votre vie bien
remplie - vous voyez : je referme la parenthèse. Pour les acteurs - les
vrais - de cette histoire - ce n'était pas une parenthèse - c'était
leur VIE - je sors et ferme la porte - mais elle reste
ouverte sur l'imaginaire - songez-y peut-être encore un peu - pas
seulement en vous rasant...".
Le
dernier qui s'en va éteint la lumière ? Cette
petite phrase d'apparence anodine, pragmatique, laisse transparaître un
tragique sous-entendu : nous allons
tous quitter la scène, les uns après les autres - l'espèce homme
mourra, d'avoir dilapidé follement - et avec la plus grande
légèreté - le capital mis à disposition par dame nature - et
il ne restera plus au dernier (au survivant) qu'à "éteindre
la lumière" - ô dérision - à la fermeture du rideau !
Ce titre m'a interpellée d'abord, et, après lecture,
carrément, il m'a fait mal.
Notre
espèce est-elle outillée pour empêcher sa propre extinction ?
L'auteur l'a posée à ma place, cette question, qui me trottait par la
tête depuis quelques années. Elle était là, latente, je ne savais
comment la formuler. Je me disais : "Ça va mal. Qu'est-ce
qu'on peut faire ? Qui peut le faire !?". Eh bien, c'est chose faite,
la question a été clairement posée...
La
réponse à cette question ne souffre malheureusement pas
d'équivoque : sa constitution psychique et son histoire
(de notre espèce "homme") jusqu'ici
suggère qu'elle n'est pas à la hauteur de la tâche.
Consternant, mais VRAI... Elle le suggère.
Mon objectif ici n'est pas de convaincre que le genre
humain est menacé d'extinction : je considère la chose comme acquise.
L'auteur, pourtant n'est pas pessimiste. Il s'efforce juste de rester
froid, rigoureux. Il ne voit pas plus la bouteille à moitié pleine qu'à
moitié vide. Il jette juste la bouteille à la mer, à l'instar de ce que
tout représentant du genre humain, très bien informé, responsable et
honnête, ferait.
Quand chacun exerce sa
liberté dans un monde totalement hétérogène du point de vue de la
répartition et de la redistribution de la richesse - et du pouvoir
accompagnant nécessairement cette richesse, les rapports de force
existants sont tout simplement démultipliés, et la domination exercée
par une aristocratie fondée sur l'argent est non seulement
automatiquement entérinée, mais se transforme en deuxième nature dont
les leviers deviennent invisibles.
Ils sont effectivement invisibles à la plupart d'entre
nous. Perso je sais juste que ce n'est pas vous ni moi qui
dirigeons le monde. Nous pouvons juste constater que si les leviers,
dans les mains des grands détenteurs de richesse et donc de celles de
la haute finance, et point dans les nôtres, ne sont pas bientôt
actionnés énergiquement pour inverser la vapeur, nous laisserons aux
générations futures l'enfer en héritage.
Le thème de la liberté est abordé ici aussi, mais
l'auteur l'effleure juste assez pour le résumer, il ne reprend pas tous
les développements des philosophes successifs. Il parle par exemple de
"la liberté du renard dans le poulailler". Autrement dit la poule a
la liberté de pondre ses œufs, et le renard la liberté de la consommer,
elle et ses œufs... "La raison du plus fort est toujours la meilleure"
est une maxime sous-entendue (ou explicite même) qui accompagne tout
le récit.
Si le
robot et le logiciel sont apparus initialement comme auxilliaires de
l'être humain (robot effectuant certaines tâches dans une ligne
d'assemblage automobile, traitement de texte, etc.), ils apparaissent
désormais de plus en plus comme remplaçant purement et simplement
l'homme (ligne d'assemblage entièrement automatisée, les êtres humains
n'assurant plus que la rédaction du logiciel et la
maintenance/supervision, "algos pour "algorythme")...
Et l'auteur de conclure un peu plus loin : la
machine s'impose à nous, à la fois comme modèle et comme concurrent qui
non seulement nous prive d'emploi, mais également nous contraint de
nous concevoir sur son modèle.
L'auteur nous apprend avoir, dans l'un de ses ouvrages,
proposé une taxe sur la productivité des machines (à l'instar d'une
suggestion déjà proposée au 19ème siècle par un économiste-philosophe
suisse, Jean-Charles Léonard de Sismondi) afin que le travailleur
remplacé par la machine puisse bénéficier de cette mécanisation
globale, au lieu d'en être la victime.
Il en est la victime, car : le détenteur de la richesse
(du capital) possède les leviers pour le court-circuiter.
Non seulement l'homme est victime de la machine car
privé d'emploi, mais de plus il est contraint de se concevoir
sur son modèle par une tendance de la loi... amorcée dès... 1881 : (Opinion
du juge Américain O.W.Holmes : "la seule conséquence d'un engagement
juridique est d'obliger le promettant à payer des dommages et intérêts
en cas de non-réalisation de sa promesse"). Est ainsi
gommée la notion de "dignité". L'auteur analyse comment ce
glissement s'est opéré des valeurs qualitatives (morales) en
valeurs quantitatives (économiques).
A propos des générations futures, l'auteur nous dit : "nous
faisons en sorte qu'elles se sacrifient pour nous, de manière
anticipée, sans leur demander leur avis".
Bure... un exemple entre des milliers d'autres...
Et pourquoi tout ce gâchis !? Dans quel but !? Parce
que, nous dit-il (mais nous l'apprend-il réellement !?... ne le
savons-nous pas déjà !?) la morale des dirigeants est une morale
commerciale - c'est elle qui dirige le monde actuellement - le mot
"cynique" est prononcé. L'auteur condamne - gravement. Actuellement,
nous dit-il, l'obligation de croissance, inhérente au système
capitaliste, est une réalité. Mais la croissance ne sert pas à enrichir
une nation, (ainsi qu'on pourrait le penser, logiquement) mais juste à
gonfler les dividendes des actionnaires ET à rembourser les intérêts
des emprunts. Il compare les dettes actuelles des ménages à celles des
serfs moyennageux. Et là, on est convaincus : oui, c'est très
comparable : de génération en génération, obligé de rembourser des
dettes au seigneur. Juste que maintenant c'est "une main invisible"
qui représente le seigneur, et précédemment il était représenté en
chair et en os aux yeux de tous !
La
finance est réglée sur des principes qu'on ne peut qu'enfreindre :
et là l'auteur nous initie à quelques principes et fonctionnement qui
ne sont pas vraiment du domaine habituel de pensée de Mr et Mme Tout le
Monde (ce domaine de pensée se restreint actuellement - et c'est moi -
là - qui le prétends... bien davantage à la pratique du jeu
POKEMON - lequel accapare - par médias interposés - et forcément
téléguidé de quelque part - l'attention du brave peuple - lequel - ce
faisant - n'aura point l'idée ni le désir d'analyser en-même temps la
stratégie gagnante de la finance !).
Selon
la "science" économique, en effet, un marché ne peut fonctionner de
manière optimale que si ces deux principes sont respectés : la
concurrence pure et parfaite conduit vers un équilibre et fait tendre
le profit vers zéro, tandis que la transparence permet une symétrie de
l'information qui assure l'objectivité des prix.
La
difficulté, ici, et je ne surprendrai pas ma lectrice ou mon lecteur,
c'est qu'aucun vendeur sain d'esprit n'a jamais eu intérêt à ce que le
profit tende vers zéro : suit une mise en évidence des
ruses pour contourner le système et de l'indulgence du régulateur...
Quelqu'un s'est-il déjà posé la question, parmi le "bon peuple", de
ce que c'est : un cartel !? Moi pas... mais à présent que je le sais,
je reste songeuse. Si j'ai bien compris : c'est le groupement officiel
d'une certaine élite où il y a un accord (vraiment respecté !) pour que
la concurrence ne joue pas.
En conclusion d'un certain développement concernant les
lois de la concurrence et de la transparence (sur le papier), avec des
exemples à l'appui pour montrer comment elles sont contournées,
l'auteur conclut (un brin sardonique - mais il y a de quoi...) : "Nul
n'a dit, après tout, que l'entr'aide et la solidarité étaient
nécessairement éthiques..."
Et ainsi différentes étapes des stratégies de la haute
finance, avec leur corrolaire, sont mises en lumière, depuis l'époque
de Mme Thatcher et Ronald Reagan, à partir de 1970... jusqu'à nos jours.
Pour conclure : ce
qui apparaissait soudainement en pleine lumière avec l'affaire Cahuzac,
c'est que les havres fiscaux ne constituent aujourd'hui nullement un
élément périphérique et anecdotique du système financier international,
mais bien plutôt son cœur véritable : la quasi-totalité des grandes
firmes internationales s'y sont domiciliées dans leur stratégie
d'évasion fiscale.
Quelques 28000 pages dérobées aux archives de la
société d'audit PricewaterhouseCoopers plus loin, et à propos du
grand-duché de Luxembourg, Paul Jorion conclut, en face de l'expression
d'un émoi actuel insolite : c'est
qu'il existe une différence essentielle entre un secret de polichinelle
pour les gens du métier et pour Monsieur et Madame Tout-le-monde.
Mais l'auteur ne se borne pas à l'analyse du
fonctionnement de la finance et à pointer du doigt son côté immoral et
sa philosophie à contre-courant de l'épanouissement de la vie, donc sa
philosophie létale, pourrait-on dire. Le dernier tiers du livre est
consacré par l'auteur à essayer de répondre à une question qu'il se
pose, que je cite au début de ma présentation et que je reprends ici : notre espèce est-elle outillée
pour empêcher sa propre extinction ?
Et là, je comprends brusquement - patience - mon cortex
a besoin d'un certain temps pour fonctionner d'une façon optimale - je
comprends que l'auteur situe son étude sur deux niveau :
- le
niveau 1 : la loi du plus fort - la richesse concentrée
dans les mains de quelques uns - qui attire la richesse - donc cycle
vicieux - l'esprit de lucre - la philosophie basée essentiellement sur
le profit immédiat, donc le commerce, donc "la croissance" qui anime
nos décideurs - le calcul à court terme
- le
niveau 2 : étude psychologique de l'homme, et
comportement des sociétés.
J'ai éprouvé, à chaque page, un certain plaisir à
déchiffrer ses raisonnements, ou à les constater d'une évidence
immédiate. Une certaine stupéfaction (je le répète) en constatant
l'érudition immense du bonhomme. De la joie à me dire que j'étais en
train d'apprendre des choses importantes. Une certaine fierté à me dire
que je n'étais pas la seule à penser "qu'on allait droit dans l'mur",
mais que d'autres - et pas des moindres - pensaient exactement la même
chose, mais, eux, en avançant, à l'appui, des preuves développées,
multiples et solides.
Après lecture et nombreuses relectures de certains
passages du livre, il m'est venu une idée que je n'avais jamais eu
encore (preuve que, pendant tout ce temps, j'ai mûri... malgré mon
grand âge - c'était encore possible...) : l'auteur nous parle "des
sociétés" ou de "la société", souvent. Or, une société élabore des
lois, afin d'y permettre l'existence optimale des individus qui la
composent. Or des lois uniquement faites de valeurs commerciales et non
morales ne peuvent pas permettre cela. La mondialisation, c'est la
tendance de créer une grande société mondiale, fonctionnant uniquement
selon des lois qui semblent fondées sur des valeurs simplement
commerciales. C'est alors normal que les gens s'y transforment en
machine. Et que le genre humain disparaisse...
Normal et totalement effrayant !
Simone Schlitter -
Présidente Fondatrice de Cancer-Espoir
|