Pénuries de médicaments : mais où sont passés les stocks ?
L’an dernier, le Doliprane, produit à l’usine Sanofi de Lisieux, était soumis à des tensions d’approvisionnement. Photo Sipa/Romuald Meigneux
Aurélien Rousseau, le ministre de la Santé, réunit cette semaine les acteurs de la chaîne du médicament. Au cœur des interrogations : le niveau des stocks pour faire face aux pénuries. Si la France est mieux armée que l’an dernier pour les produits liés aux épidémies saisonnières, le problème de fond demeure pour d’autres molécules essentielles.
Souvenez-vous l’hiver dernier : trouver du paracétamol ou de l’amoxicilline en pharmacie relevait du parcours du combattant. Sous l’effet d’une triple épidémie de grippe, Covid et bronchiolite, la France prenait à nouveau conscience de sa vulnérabilité face aux pénuries de médicaments. En cet automne, l’alerte vient des pharmaciens. Pierre-Olivier Variot, président de l’Union de syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), pointe qu’« énormément de médicaments » sont en rupture. En face, le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau répond que les stocks sont pleins.
Où sont les médicaments ?
Alors, où sont les médicaments que les patients ne trouvent pas ? Pour répondre à cette question, le ministre convoque cette semaine les acteurs de la chaîne du médicament. Objectif : comprendre le décalage « entre des chiffres globaux où on a les doses et ce que vivent nos concitoyens, où ils ne trouvent pas certains médicaments, où est-ce que ça bloque ? », a déclaré le ministre mardi dernier sur RTL.
Selon l’Agence nationale de Sécurité du médicament (ANSM), la situation est très différente de l’an dernier, même si le problème de fond des pénuries demeure. Tout d’abord, les virus ne sont pas au rendez-vous et il n’y a aujourd’hui pas de triple épidémie en cours. Par ailleurs, les industriels ont une nouvelle obligation de constituer quatre mois de stocks pour une liste de 422 médicaments (*). Enfin, l’agence a actionné le « plan blanc hivernal » pour suivre quatre familles de produits : antibiotiques, médicaments contre la fièvre, corticoïdes administrés par voie orale et médicaments contre l’asthme.
Appel à la transparence
Si les stocks sont reconstitués, alors pourquoi les boîtes ne sont pas en pharmacie ? Pharmaciens, grossistes et industriels se renvoient la balle. « On essaye de faire un énorme travail avec l’ANSM pour qu’il y ait de la transparence qui se mette dans le circuit parce qu’on ne comprend pas forcément tout », explique Pierre-Olivier Variot, de l’USPO.
Le même appel à la transparence est porté par les industriels du médicament (Leem). « Les tensions d’approvisionnement sont gérées avec difficulté en l’absence d’information consolidée entre les nombreux acteurs de la chaîne du médicament. Le Leem, après avoir mis en place TRACStocks en 2020, souhaite promouvoir la mise en place d’un connecteur des informations déjà disponibles dans les différents circuits existants - hôpital, répartition en ville et gestion par les entreprises -, afin que les autorités de santé aient les moyens d’améliorer les réponses aux situations de tension en temps réel et le plus en amont possible, et que tous en bénéficient », plaidait en mai le représentant des intérêts de l’industrie pharmaceutique, dans son plan pour lutter contre les pénuries. Une position que le Leem portera à nouveau devant le ministère de la Santé.
Par Élodie Bécu