Soins palliatifs : question d’éthique
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Photo Pierre HECKLER
Jusqu’où la vie vaut-elle d’être vécue ?L’association Pierre-Clément Lorraine et le service régional de soins palliatifs organisent vendredi soir à Thionville, leur 42e réunion publique. Avec, au programme, un questionnement éthique pour tenter de situer la frontière entre grand âge et soins palliatifs. C’est le docteur Bernard Wary qui animera cette soirée, lors de laquelle il sera aussi question du service régional de soins palliatifs, avec le déménagement du CHR de Metz à Mercy et la fin programmée de Beauregard.
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Bernard Wary souhaite interroger les consciences sur la frontière entre les soins palliatifs et le grand âge. Photo Pierre HECKLER
Pour sa 42e soirée publique, l’association Pierre-Clément Lorraine et le service régional de soins palliatifs, invitent le public à « un questionnement éthique » sur la frontière entre soins palliatifs et grand âge.
On n’en parle pas ou si peu. La fin de vie, la mort, restent des sujets tabous. A contrario , l’association Pierre-Clément n’a de cesse de militer pour la diffusion d’informations et la recherche dans le domaine des soins palliatifs. Une chance : pour la Lorraine, son président, Bernard Wary, est également chef du service régional des soins palliatifs. Entre autres… Coiffé de cette double casquette, il animera la 42e soirée publique de Pierre-Clément Lorraine et du service régional de soins palliatifs, dont le thème est Frontière entre soins palliatifs et grand âge : questionnement éthique.
Volontairement provocateur, le médecin résume cette réflexion en une question : « La vie vaut-elle encore le coup d’être vécue lorsqu’on a 90 ans, que l’on a perdu tout ou une partie de son autonomie physique, psychique et socio-familiale ? »
Forcément, Bernard Wary a un début de réponse. Lui qui se bat pour adoucir les derniers mois, semaines ou jours de ses patients. Et bien au-delà du seul aspect physique. « Les soignants en gériatrie et en soins palliatifs ont su depuis longtemps développer de nombreuses approches non médicamenteuses », lesquelles restent complémentaires aux soins classiques. Car les soins palliatifs doivent concilier le corps et l’âme. « Combien de fins de vie sont jugées trop longues en raison de douleurs non reconnues et non calmées ? », reconnaît le professionnel, confronté à la perpétuelle interrogation des seuils de tolérance à la douleur, ô combien variables selon les esprits des soignants et la situation des patients.
En région et à l’international
C’est dire si le questionnement proposé est loin d’être évident et que, forcément, le point de l’euthanasie ne devra pas être éludé lors de cette soirée.
Ce rendez-vous sera aussi l’occasion de présenter au public des informations sur le service régional de soins palliatifs, qui comprend une équipe mobile, l’hospitalisation à domicile, les consultations externes et bientôt deux unités. C’est assez unique : l’unité de soins palliatifs déplacée à l’hôpital de Mercy va se doubler d’une seconde unité à Hayange. Bernard Wary s’en félicite à double titre : « Cela va faire de nous l’un des centres les plus importants et l’idée, en quittant Beauregard à Thionville, c’est de remonter sur Hayange. On est contents, les locaux sont bien. » Un déménagement qui devrait intervenir « au plus tard cet été ».
Hyperactif en la matière, le médecin est l’un des membres fondateurs de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (Sfap). « On voulait élargir nos horizons », sourit-il en annonçant la création d’une Fédération francophone de soins palliatifs. « Elle sera officialisée le 5 mai prochain au congrès de Montréal, mais ça fait deux ans qu’on travaille dessus. J’en serai le président pour les deux premières années. » L’objectif est de soutenir les politiques de santé dans le monde francophone, « pour faire avancer les choses avec les médecins, les institutions ». Adoucir la fin de vie : si le sujet reste encore tabou en France, que dire du Liban, de la Roumanie ou de l’Afrique ?
Soirée publique sur les soins palliatifs vendredi 15 février à 20 h au foyer Albert-Schweitzer à Thionville. Entrée libre.
E. de R.