Le mérite pour Fatoumata

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Bubu
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Le mérite pour Fatoumata

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Le Républicain Lorrain du 10/02/2010
François Marzorati, sous-préfet de Thionville, a fait de Fatoumata Xemard-Diallo un nouveau chevalier dans l'ordre national du Mérite. L'insigne distingue et récompense une femme engagée de multiple façons aussi bien en France qu'au Mali, le pays où elle est née.
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Du beau monde

Vendredi, pour l’événement, ils étaient tous là : le sous-préfet bien sûr, François Marzorati, qui a remis l’insigne à Fatoumata ; l’ambassadeur du Mali à Bruxelles ; la représentante du président du Mali en France ; Dominique Ronga, vice-présidente du conseil régional ; Anne Grommerch, députée. Sans oublier de nombreux élus, dont le maire de Thionville, Bertrand Mertz. Coup de chapeau à la musique des sapeurs-pompiers qui a interprété les hymnes nationaux malien et français. Trois des quatre enfants de la présidente de Macina étaient là ainsi que Paul Xemard, son époux. Beaucoup de ses anciens collègues avaient également fait le déplacement.
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Une femme d’exception

Fatoumata Xemard-Diallo a reçu les insignes de chevalier dans l'ordre national du Mérite pour son engagement humanitaire et son parcours exemplaire.

Ce n’est ni un homme ni un ancien combattant… Fatoumata Xemard-Diallo a reçu l’insigne de chevalier dans l’ordre national du Mérite. Tiraillée entre le Mali et la France, elle a fait de son attachement aux deux pays sa raison d’être.

«Je ne fais pas de politique. Je n’y comprends rien.» Fatoumata Xemard-Diallo a son franc-parler. Longiligne et souriante, la présidente de Macina assume ses pensées, tout comme ses choix. «J’ai 71 ans, et vous ?» Simple jusqu’au bout des ongles, elle a su s’imposer et se faire accepter en tant que femme, «noire de surcroît ». Il y a quelques jours, lorsque le sous-préfet de Thionville l’a contactée, elle a cru à une farce. «Je ne sais comment, ni pourquoi j’ai le droit à cette distinction.» Et vendredi soir, François Marzorati avait donné rendez-vous au Beffroi de Thionville aux proches de Fatoumata pour assister à sa remise d'insigne de chevalier dans l’ordre national du Mérite. Autant dire que la salle des Capitulaires paraissait bien exiguë tant ils étaient nombreux.
Attachante, la dame l’est, engagée également et même si elle n’est «ni un homme, ni un ancien combattant », elle méritait bien tant d’honneurs. «Vous devez vous demander :mais qu’est-ce qu’elle a fait pour cela ?», sourit le sous-préfet.
Connue à Thionville comme à Algrange pour avoir été pharmacienne, Fatoumata a grandi bien loin de la France. C’est au Mali, appelé autrefois Soudan, qu’elle a vu le jour. «Etre une fille en Afrique supposait ne pas aller à l’école mais apprendre à devenir une bonne mère et une épouse serviable.» Heureusement son père en a décidé autrement. Titulaire d’un bac sciences expérimentales, «une série pour les têtes », confie François Marzorati, Fatoumata a quitté son pays en 1961. Huit ans plus tard, elle a décroché son doctorat en pharmacie. Entre-temps, elle a eu la joie d’être quatre fois maman avec la venue au monde d'Awa, Mariane, Assane et Oumar. «Ils sont mon plus grand bonheur », a-t-elle reconnu. Un bonheur qui a pourtant été mis à mal, lors de la disparition de son mari. «La vie a parfois été difficile, mais j’ai avancé et résisté pour mes enfants.»

Au service des autres

Fatoumata peut se targuer d’avoir et d’avoir eu une vie bien remplie. Membre des parents d’élèves, de Synergie santé…, elle a fait également partie de nombreuses commissions dans le cadre de sa profession. Mais à l’heure de la retraite, craignant de s’ennuyer, elle a eu l’idée de créer un mouvement bien à elle, qui lui ressemble. Macina pour Mali, Amitié, Coopération, Intégration, Nations, Agir. Une manière de rendre hommage à sa terre natale. «Il faut savoir qu’au Mali il y a 200 000 diabétiques. Etre malade là-bas ce n’est pas comme ici.» Ainsi depuis six ans, elle enchaîne les voyages entre la France et le Mali en vue d’aider ses compatriotes. Un geste normal, pour elle, qui a permis à d’autres de vivre.
«Cet insigne, je le dédie à mes parents qui m’ont donné l’amour de la France, à mes enfants… C’est beau la famille. Pour moi, les seuls moteurs de l’existence sont la solidarité, le partage et la fraternité. Une telle reconnaissance est l’aboutissement d’un parcours bien rempli.» Un parcours semé de rencontres, d’amour grâce à Paul, son second époux depuis 1987, d’humanité et surtout d’humilité. Une vie dont elle n’a pas à rougir et qui fait la fierté de ses amis.
Fatoumata, une grande dame, qui ne comprend peut-être rien à la politique mais qui sait ce qu’aimer les autres veut dire.

Sabrina Frohnhofer.
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