Ozempic et amaigrissement

Association des Diabétiques Nord-Lorraine
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Ozempic et amaigrissement

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Le Républicain Lorrain du 03/08/2023 - Par Léa Guyot - Photo Sipa/Jason Bergman

Santé - Ozempic : l’antidiabétique continue d’être détourné pour maigrir
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L’Ozempic est commercialisé par le laboratoire danois Novo Nordisk. Photo Sipa/Jason Bergman
L’ANSM a émis cette semaine une nouvelle alerte concernant ce médicament, normalement réservé aux diabétiques de type 2 mais parfois utiliser pour perdre des kilos. L’autorité sanitaire redoute des « tensions d’approvisionnement », qui pourraient priver les malades d’un « traitement essentiel ».

Commercialisé depuis 2019 en France, l’Ozempic fait fureur dans l’Hexagone et ailleurs dans le monde. Mais pas toujours pour les bonnes raisons. À l’origine, ce médicament, qui prend la forme d’un stylo injectable, est destiné aux diabétiques de type 2, en trithérapie. Or depuis plusieurs mois déjà, son usage est détourné par des personnes souhaitant tout simplement perdre du poids. Ce qui inquiète les autorités sanitaires.

Le principe actif de l’Ozempic, le sémaglutide, a un effet antidiabétique puissant. Mais cette molécule permet aussi de réduire le poids de façon significative. Une propriété qui n’a pas échappé à certaines célébrités. Depuis plusieurs mois, des stars comme Elon Musk vantent ses mérites sur les réseaux sociaux. Sur TikTok, on ne compte plus le nombre de publications faisant référence à ce traitement « miracle ». Voir également la vidéo sur le site du Républicain Lorrain.

En France, le mésusage de l’Ozempic reste limité mais est en augmentation constante : en mai 2022, 0,7 % des personnes s’étant fait rembourser le médicament l’ont utilisé de manière détournée, contre le double un an plus tard, a estimé en début de semaine l’ANSM (l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé). Un mésusage qui coûte cher à l’Assurance maladie, quand on sait qu’une seringue contenant quatre doses coûte plus de 70 euros.

Des pénuries à l’étranger

Surtout, cette pratique « se fait au détriment des personnes diabétiques (type 2) qui peuvent avoir des difficultés d’accès à leur traitement », alerte l’ANSM. « Le sémaglutide est [l’antidiabétique, NDLR] le plus puissant de la classe la plus puissante (hormis l’insuline). Et il n’y a parfois pas de possibilité de remplacement, quand le traitement est déjà à son maximum », explique le Pr Jean-Daniel Lalau, chef du service d’endocrinologie-diabétologie-nutrition au CHU d’Amiens, sur le site The Conversation.

Australie, Royaume-Uni, États-Unis… Dans certains pays, des pénuries d’Ozempic se font déjà ressentir. Si ce n’est « pas encore le cas en France », selon Catherine Simonin, administratrice de France Assos Santé, qui regroupe environ 90 associations de patients, le problème commence à se poser à l’échelle européenne. Pour que des diabétiques ne soient pas privés d’un traitement dont ils ont besoin, l’ANSM et l’Assurance maladie ont mis en place « une surveillance active de l’utilisation » du produit. Elles appellent les pharmaciens à la vigilance et les médecins à ne pas prescrire d’Ozempic hors AMM (autorisation de mise sur le marché). Selon Le Parisien, plusieurs enquêtes ont été ouvertes après la découverte d’ordonnances falsifiées.

Un « plan d’actions » à la rentrée

Catherine Simonin estime qu’il est « très dangereux » de se procurer de l’Ozempic sur internet car il peut s’agir « d’un faux médicament ». Et de rappeler qu’il « ne faut le prendre que sur prescription médicale », en respectant les indications, sachant que cet antidiabétique a « un service médical rendu modéré » et peut entraîner des effets indésirables. Parmi les plus fréquents on retrouve « les maux de tête, les vomissements » et parmi les plus graves « les pancréatites aiguës », liste-t-elle. Ce mois-ci, l’Agence européenne des médicaments a par ailleurs annoncé qu’elle examinait les éventuels effets indésirables du médicament, après des signalements d’idées suicidaires et d’automutilation.

Quant à l’ANSM et l’Assurance maladie, elles réuniront « en septembre » associations de patients et professionnels pour « définir un plan d’actions » visant à décourager les détournements de l’Ozempic. En attendant, Catherine Simonin insiste sur le fait que ce médicament n’est pas un produit « miracle ». Et que la meilleure manière de perdre des kilos reste encore « d’agir en amont, avec une nutrition saine et de l’activité physique ».

Par Léa Guyot