Bientôt la Journée mondiale du diabète : l’autre pandémie
Maladie sourde, le diabète nécessite un dépistage annuel avant d’être alerté par des complications. Photo RL/Etienne JAMINET
Nancy se prépare à accueillir coup sur coup le Diabétonic et la Journée mondiale du diabète. Ces deux manifestations visent à rappeler que le diabète est une des maladies majeures de nos sociétés occidentales, sédentaires et suralimentées. Le point sur cette infection avec Danielle Durain, vice-présidente de l’AFD 54 et infirmière spécialisée en diabétologie.
Le 4 septembre, Nancy organise son Diabétonic annuel. Ce rendez-vous institué il y a une quinzaine d’années vise à sensibiliser le grand public à cette maladie prééminente de nos sociétés modernes, sédentarisées et suralimentées. À la manœuvre, Danielle Durain, vice-présidente de l’association des diabétiques de Meurthe-et-Moselle (AFD-54), infirmière spécialisée en diabétologie et coordinatrice médicale du réseau NSM (Nancy Santé Métropole Réseau du Grand Nancy).
Le diabète est devenu une maladie tellement courante qu’on en oublie parfois sa gravité et ses causes. Pouvez-vous nous rappeler ce qu’elle recouvre ?
« Il s’agit d’un dysfonctionnement des îlots pancréatiques, ou îlots de Langerhans. Le pancréas est constitué d’une tête et d’une queue. Les îlots de Langerhans sont dans la tête du pancréas. C’est dans cette zone que les cellules bêta sécrètent l’insuline. Cette hormone transporte le glucose dans l’organisme. Tout ce qu’on mange est métabolisé. Lorsque c’est métabolisé en glucose, ce glucose passe dans le sang. Au même moment, le pancréas va générer de l’insuline par rapport à la quantité qu’on a avalée. L’insuline va emmener le glucose dans les cellules de l’organisme. Si l’on ne produit pas assez d’insuline, ce glucose ne circule plus et se stocke dans le sang où il détruit tout. »
Entre diabète de type I et diabète de type II, quelle différence ?
« Le diabète de type I se traduit par une destruction des îlots qui fabriquent l’insuline dans le pancréas. Cette forme de diabète se déclare le plus souvent chez les jeunes et jusqu’à 30-35 ans. Il s’agit d’une maladie auto-immune qui n’a rien à voir avec l’hygiène alimentaire et l’hygiène de vie. À partir de 45 ans, on trouve plutôt des diabètes de type II qui sont, là, dus principalement au mode de vie. Ces patients ont encore de l’insuline, mais, à cause de leur surpoids et de leur sédentarité, le pancréas va se mettre un peu au ralenti. Si l’on a en lignée directe un parent diabétique, que ce soit de type I ou II, il y a un risque accru de devenir diabétique. »
Vous insistez sur le fait que les deux principaux facteurs déclencheurs du diabète de type II sont la sédentarité et le surpoids. En quoi cela joue sur le fonctionnement du pancréas ?
« Surpoids et sédentarité agissent sur le pancréas en le saturant. À cause de l’obésité, les îlots de Langerhans vont se fatiguer parce qu’ils vont être obligés de forcer sur la fabrication d’insuline. »
Qu’est-ce que l’hyperglycémie ?
« L’hyperglycémie, c’est quand on a trop de sucre dans le sang. Par exemple, quand on est fatigué, c’est qu’on est généralement en hyperglycémie. L’excès de sucre provoque toute une série de complications : cécité, troubles cardiovasculaires et neurologiques, problèmes rénaux… Le sucre est un poison quand il passe dans le sang et qu’il n’est pas assimilé par l’organisme. Il détruit les veinules. C’est pour cela que 40 % des gens amputés sont diabétiques. »
Pourquoi est-il si important pour un diabétique d’avoir une activité physique ?
« Pour les diabétiques de type I, le seul traitement, c’est l’insuline puisque le pancréas est détruit. Par contre, le type II a tout ce qu’il faut, sauf qu’il ne faut pas qu’il prenne du poids et il faut qu’il bouge. Cela va redynamiser la fabrication d’insuline. L’activité physique permet aussi de baisser la glycémie. La Haute autorité de santé (HAS) recommande un minimum de trente minutes de marche active par jour. Cet objectif paraît peu, mais parfois, il est compliqué atteindre pour des personnes qui ne se déplacent plus du tout à pied. »
À cette reprise d’activité s’ajoute la nécessité de suivre un régime alimentaire ?
« Au niveau alimentaire, il n’y a aucun interdit. Le mot « régime » a été rayé il y a une dizaine d’années. Aujourd’hui, on parle d’une « alimentation équilibrée ». C’est-à-dire que le diabétique qui veut manger un dessert, le peut. Ce dessert va demander au pancréas de produire plus d’insuline. Plus on va manger de sucre, plus le pancréas va se fatiguer. Pour prendre en compte cela, on a mis en place l’insulinothérapie fonctionnelle. C’est-à-dire que le patient apprend à calculer le nombre de glucides qu’il ingère. Avec cette quantité de glucides, il adapte son dosage d’insuline. C’est contraignant au début parce qu’il faut être précis, mais ça s’apprend. La formation se fait à l’hôpital. C’est aujourd’hui très intéressant pour les diabétiques sous multi-injection d’insuline. »
Il est recommandé un dépistage glycémique annuel. Pour quelle raison ?
« Le diabétique de type I présentera des complications après vingt-cinq de diabète. Le diabétique de type II lorsqu’il est diagnostiqué, en général, a déjà une complication parce que le diabète est une maladie sournoise et sourde. Le diabétique de type II n’est généralement pas alerté de sa maladie. Quand il va perdre du poids, être fatigué ou présenter une blessure qui ne guérit pas, il est déjà dans des complications du diabète. »
Comment est dépisté le diabète ?
Pourquoi faut-il avoir les mains propres avant de faire une mesure de glycémie ?
« Parce que les traces de sucre à la surface de la peau peuvent tromper le test. Vous mangez une orange, vous ne vous lavez pas les mains, on vous dépistera diabétique. »
Quelles peuvent être les autres complications liées au diabète ?
« On a la rétinopathie, l’atteinte de la rétine. Ensuite, la néphropathie (50 % des personnes diabétiques au cours de leur vie), qui est l’atteinte du rein. Et puis, la neuropathie, qui est l’atteinte des nerfs. Ce sont les trois complications spécifiques. Après, il y a toutes les complications cardiovasculaires : AVC, infarctus et artérite. Le diabétique va être sensible à tout ce qui touche à l’équilibre glycémique dans les artères et les vaisseaux. Pour résumer très simplement, plus la glycémie est haute, plus le sang est épais et moins bien il passe dans les gros et petits vaisseaux. Ce qui explique que ça se bouche. »
Diabétonic le mercredi 4 septembre, de 10 h à 18 h, place Charle-III, à Nancy : dépistage, conseils diététiques et sportifs par des professionnels, témoignages…
Thierry FEDRIGO