Le Républicain Lorrain du 15/03/2015 - Photo
RL
Sauve qui veut !
Sur une plaie importante le premier réflexe doit être de la compresser avec sa main avant d’improviser un pansement
Pour la mise en situation pratique, les stagiaires s’entraînent sur des mannequins plastique : nourrissons, troncs d’enfant ou d’adulte
Le défibrillateur n’aura plus de secret pour vous ! Son usage est plutôt simple. Il dicte clairement les gestes à faire. Y compris le massage sur la poitrine et le bouche-à-bouche à poursuivre si nécessaire. Il en donne même la cadence
Qui n’a pas déjà assisté au malaise d’un proche, à la perte de connaissance d’un inconnu en pleine rue ? Comme beaucoup d’autres, je faisais partie de ces gens qui paniquent. Dont les jambes flageolent. Dont la voix chevrote au moment d’appeler les secours. Ma sœur urgentiste a fini par me convaincre qu’il y a un remède aux bras ballants face à la détresse physique des gens. Bien placée pour savoir que des gestes simples, effectués rapidement en attendant les renforts médicalisés, peuvent sauver.
Alors je me suis lancée. Un coup de fil, quelques infos envoyées par mail et me voilà inscrite à une formation en premiers secours dispensée par l’Antenne des moniteurs de secourisme des sapeurs-pompiers de Thionville. Sur une journée, nous balayons pléthore de situations critiques. À juste dose, pour éviter l’asphyxie. Outre le power point, les vidéos, les images, nous enchaînons les ateliers pratiques. À première vue, tout a l’air facile. Sauf qu’une fois sur le mannequin, sous l’œil du formateur, le geste est moins sûr.
Grégory Dessi, sapeurs-pompiers à Thionville, nous fait passer un par un. Il commence tout doux. Il nous apprend à sortir une personne inanimée d’un environnement toxique. « Il faut la saisir par les poignets ou les chevilles pour la tirer sur le sol. » Jusqu’ici tout va bien. Puis Grégory nous fait le coup de la "fausse route", lorsqu’un aliment bloque les voies aériennes. Claques dans le dos, compressions abdominales : le mannequin n’est pas ménagé.
Mais la formation ne consiste pas qu’à manipuler des troncs ou un bébé en plastique. Le corps des stagiaires aussi est mis à contribution par souci de réalisme. Du coup, on joue les victimes. Grégory me garantit que mon gabarit (1m55, 50 kg) est capable de retourner une armoire à glace et de la mettre sur le côté en position latérale de sécurité. Défi remporté. Tout est question de pivots, de points d’appui.
Au chapitre des saignements, tout le monde prête son bras pour s’exercer au pansement de fortune sur de fausses plaies autocollantes purulentes. Grégory nous initie à la règle des 3 A en cas d’hémorragie : appuyer sur la blessure, allonger la victime, alerter les secours. « S’il n’y a pas de bandage, on peut prendre une cravate, un tee-shirt ! » Le secouriste doit avoir le sens de l’impro. Et un métronome dans la tête. Car quand sonne le cours du massage cardiaque, Grégory parle en chiffres : trente pressions sur la poitrine et deux insufflations. C’est le rythme à tenir. « L’action d’un premier témoin ou d’un défibrillateur fait passer les chances de survie de 4 à 40 %. » Malgré mes modestes biceps, j’ai peur de casser une côte dans mon élan. « Impossible », me sourit Grégory. À condition de placer mes mains sur le sternum, pile au milieu de la poitrine. Après avoir écrasé le mannequin (bruits sourds à l’appui), Grégory sort le défibrillateur. J’espérais secrètement ne jamais avoir à m’en servir. Pourtant, l’engin est tout bête à manier. Une voix dicte les moindres mouvements à opérer. Il ne faut juste pas s’étonner en tombant sur un rasoir dans la trousse. « Il faut raser avant de mettre les patchs, c’est plus efficace ! »
Impossible d’être exhaustif. J’ai pris des pages et des pages de notes. Sur cette session de formation, les profils sont divers, plutôt jeunes. Sébastien, 29 ans, s’est inscrit après s’être fait une grosse frayeur, quand son gamin de 3 ans fiévreux s’est arrêté de respirer et que ses lèvres ont bleui. Sandie, 26 ans, championne de boxe, a besoin du certificat pour passer son monitorat. Même chose pour Ambre, 18 ans, qui veut obtenir son Bafa. Cindy, 29 ans, assistante maternelle, souhaite se former pour rassurer les parents. Sophie, 33 ans, autre jeune maman du groupe, vise des concours où la formation en premiers secours est requise. Deux agents de sécurité se présentent à la demande de leur employeur. « Cela devrait être obligatoire ! », me lance l’un d’eux en fin de journée.
Dès mon retour à la rédaction, je partage l’expérience avec mes collègues. Je n’échappe bien sûr pas à la blague graveleuse sur le bouche-à-bouche en cas de malaise… Certains se disent « rassurés » de m’avoir à leur côté. Toute flattée, j’accroche alors mon diplôme au bureau. Au cas où l’info devrait être vérifiée.
Blessure, malaise, que faire ? Pas de panique. En une journée, le formateur pompier délivre gestes et conseils pour secourir. Ça pique à peine, promis.
Le coup de la "fausse route "