Diabète et déchets

Association des Diabétiques Nord-Lorraine
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Diabète et déchets

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Le Républicain Lorrain du 26/02/2017 - Par F.T. - Photos : Julio PELAEZ - Christophe ORIVEL

Diabète et déchets : une patiente de Yutz piquée au vif
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Chaque jour, Nicole assure sa piqûre d’insuline et teste sa glycémie. Ces déchets, dits à risques infectieux produits à domicile, doivent être contenus dans une poubelle sécurisée. Photo Julio PELAEZ
Comme tous les diabétiques, Nicole collecte le matériel généré par son traitement dans une poubelle spécialisée. Mais toutes les pharmacies ne récupèrent pas ces déchets : une difficulté dénoncée par cette Yussoise de 80 ans.

Nicole est bien embêtée avec sa poubelle. Car celle-ci enferme des déchets un peu particuliers générés par son diabète. Depuis juin 2016, cette Yussoise de 80 ans ne peut plus se contenter d’avaler des cachets. Elle doit se piquer une fois par jour à l’insuline et contrôler sa glycémie. Il en résulte plastiques de protection, aiguilles, languettes de mesure tachées d’une goutte de sang.

L’ensemble est soigneusement consigné dans une boîte jaune sécurisée spécialement dédiée. Si toutes les pharmacies doivent être en mesure de délivrer gratuitement ces petites poubelles, elles ne les récupèrent pas pour autant. Cela se pratique sur la base du volontariat.

Une pharmacie sur deux

À Yutz, outre la déchetterie, deux officines sur quatre sont recensées par l’éco-organisme Dastri qui collecte ces déchets d’activités de soins à risques infectieux (appelés Dasri). Mais pour Nicole, leur situation géographique, à quelques kilomètres de chez elle, est problématique. « Il y a une dizaine d’années, j’y serais allée à pied… », glisse-t-elle. Aujourd’hui, cette octogénaire, aussi pétillante soit-elle, ne se déplace pas sans difficultés. Nicole réside en centre-ville. La pharmacie du coin, située avenue des Nations, à deux pas de chez elle, et dont elle est cliente depuis des années, a fait le choix de ne pas collecter ce type de poubelle.

Comportement responsable

La Yussoise n’a pas de voitures, pas de famille suffisamment proche et disponible pour l’aider dans sa corvée. « Je ne pense pas être la seule dans ce cas-là ! » Les associations de diabétiques n’ont pas non plus le droit d’organiser des collectes chez les personnes diminuées. « C’est très réglementé », commente Dianolor, la structure compétente en Moselle Nord.

Nicole, elle, peut encore grimper dans un bus pour se débarrasser de son matériel usagé. « Je remplis la boîte tous les trois mois. Mais j’imagine ceux qui doivent se piquer plusieurs fois par jour. Comment vous faites si vous n’avez personne ? »

Si elle avait fait le choix de solliciter un infirmier à domicile pour traiter sa pathologie, elle n’aurait pas eu à se soucier de ces déchets. Car le professionnel a l’obligation de les prendre en charge. « Mais je ne vais quand même pas demander à la Sécu de payer cette intervention alors que je suis capable de me piquer toute seule ? », raisonne Nicole.

Pas question non plus de jeter négligemment ses déchets médicaux dans la poubelle ménagère, « par respect pour les personnes qui sont amenées à les manipuler », insiste Nicole. Cette pratique est d’ailleurs interdite.

F. T.
Collecte en pharmacie : « Il s’agit d’offrir un service »
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Les petites poubelles jaunes sont commandées gratuitement par les pharmacies tenues de les distribuer aux patients en auto- traitement. En revanche, une fois remplies, leur collecte dans des bacs spéciaux se fait sur la base du volontariat, dans certaines officines seulement (et toujours sans frais). Photo Christophe ORIVEL
Le site Internet de l’éco-organisme Dastri recense tous les points de collecte de Déchets d’activités de soins à risques infectieux (Dasri). Celle-ci s’organise sur la base du volontariat. Par exemple, la pharmacie Roser, située avenue des Nations à Yutz, n’est pas dans le circuit. « C’est assez complexe à gérer , justifie la pharmacienne. Mais ce service est assuré dans notre autre antenne, rue Roosevelt. »

Cela n’arrange pas franchement Nicole, Yussoise octogénaire et diabétique, pour qui rallier cette adresse en bus relève du casse-tête. « Il n’y a pas de ligne directe. Je dois aller à Thionville et prendre un autre bus pour gagner la rue Roosevelt à Yutz », souffle-t-elle. Heureusement, d’autres trajets, toujours en bus mais plus pratiques, lui permettent d’accéder à des officines volontaires pour collecter les déchets liés à son traitement.

« C’est mon boulot, on est là pour offrir un service, pour suivre les gens », relève le pharmacien Cleyet-Merle, route de Kuntzig à Yutz. D’autant que la contrainte n’est pas non plus insurmontable même si « cela demande une organisation » , concède-t-il. « Il faut pouvoir stocker des containers délivrés par l’organisme qui se charge ensuite de les récupérer tous les trois mois », précise Stéphanie Sclapari, pharmacienne adjointe au sein de l’enseigne. Les bacs en question mesurent environ un mètre de haut pour 30 cm de large, dotés d’une fermeture protégée. « On en remplit trois ou quatre par trimestre », évalue la professionnelle. Cette pharmacie yussoise assure ce service depuis trois ans. « Ça ne nous coûte rien », insiste la responsable adjointe.
Pour en savoir plus sur les DASRI : cliquez ici
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