Assemblée générale 2012

La soif d'en sortir
Bubu
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Assemblée générale 2012

Message par Bubu »

Le Républicain Lorrain du 11/01/2012 - Photo Armand FLOHR

L’alcool se porte bien dans une société qui va mal

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Vie libre compte une quarantaine d’adhérents à Thionville, Yutz et environs mais plus de 800 personnes sont passées par ses permanences en 2011. Photo Armand FLOHR
Réunie en assemblée générale, la section Thionville-Yutz et environs de Vie libre a souligné l’inquiétante dérive de la jeunesse vis-à-vis de l’alcool, absorbé massivement pour supporter une société aux perspectives anxiogènes.

Informer pour prévenir, c’est l’une des missions (mais pas la seule) de Vie libre, dont la section Thionville-Yutz et environs était réunie en assemblée générale hier.

444

Les bénévoles ont informé 444 collégiens de Thionville ( Charlemagne et Paul-Valéry), Kédange-sur-Canner et Cattenom au cours de l’année passée. Des contacts ont déjà été pris avec les mêmes établissements pour 2012, ainsi qu’avec le collège de Sierck-les-Bains.

Vie libre s’inquiète des chiffres annoncés en France : 91 % des moins de 17 ans ont déjà bu de l’alcool et une majorité d’entre eux affirme boire de plus en plus régulièrement. Les comportements extrêmes, eux, progresseraient de 27 % chez les garçons et 10 % chez les filles.

4 338

4 338 heures de bénévolat ont été offertes par tous ceux qui forment la section locale de Vie libre. Une équipe soudée au sein de laquelle s’est créé un groupe femmes. La section compte 42 adhérents et assure, en plus du suivi et des visites aux malades (à domicile ou à l’hôpital), l’information envers tout type de public, en maison d’arrêt comme en boîte de nuit. Elle participera d’ailleurs à la Fête aux couleurs du monde 2012 à Yutz.

Par ailleurs, des permanences ont lieu trois fois par semaine à Thionville et une fois par semaine à Yutz, ainsi que des réunions publiques : une fois par mois à Thionville et une autre à Yutz par la commission femmes.

56

56 malades ont été suivis par la section en 2011 et la moyenne d’âge de la dépendance baisse bien en dessous de 50 ans. Au-delà des suivis, ce sont 828 personnes qui sont passées par les locaux de l’association que préside Bernard.

Les bénévoles ont également assuré des visites à des malades isolés (12), des visites à l’hôpital (87), des démarches administratives (120) et déploré quatre cas de rechute avec suivi.

0

Zéro alcool : « Pour nous, la seule solution c’est l’abstinence totale », rappelle Bernard lorsqu’on l’interroge sur le Baclofène. Ce médicament qui ne bénéficie pas, pour l’heure, d’une autorisation de mise sur le marché, est présenté par des médecins comme un remède efficace à la maladie alcoolique.

Le mouvement Vie libre se déclare « méfiant devant ce que certains décrivent comme le médicament miracle » et rappelle que « la prescription d’un traitement médicamenteux, tout spécialement dans les conduites addictives, doit toujours s’inscrire dans une prise en charge globale ». « Certains médecins parmi les plus anciens n’ont eu que deux ou trois heures d’alcoologie dans leur cursus, je peux vous assurer qu’un malade qui sort de cure en sait bien plus sur la maladie alcoolique qu’un tel médecin. »

Contact : Vie Libre, 5, rue du Manège à Thionville - Tél. 03 82 51 81 74
Dernière modification par Bubu le 11 janv. 2013, 15:54, modifié 1 fois.
Bubu
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Le Républicain Lorrain du 11/01/2012 - Par E. de R. - Photo RL

« Au lever, il faut un verre tout de suite »

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Bernard n’a pas touché à l’alcool depuis l’été 1989. Il est « guéri, heureux mais toujours aussi fragile ». Photo RL
Bernard se considère guéri « et heureux ». Il est abstinent de l’alcool depuis juin 1989, mais « on n’est jamais à l’abri, je suis toujours aussi fragile que celui qui sort de cure ». Lui qui préside la section locale de Vie libre en a vu des rechutes. Alors son histoire, il la raconte volontiers pour faire œuvre de pédagogie. Sans honte. « C’est votre façon d’être qui fait qu’on vous respecte. »

Dans une autre vie, Bernard était sportif, ski, cheval et… troisième mi-temps. « Au début l’alcool, c’est festif mais après, il y a les aléas de la vie. Le danger, c’est quand on boit pour modifier son comportement. » Lui, c’était pour avoir le courage d’apprendre à skier à des bus complets de néophytes, parce qu’à l’usine, il s’estimait lésé, parce qu’à la maison, dépassé. « C’est un antidépresseur, un anxiolytique, ça anesthésie et permet de fuir les responsabilités et puis après, on augmente les doses pour garder les mêmes sensations. » Bernard est devenu entre 30 et 40 ans un « buveur excessif » avant de devenir « malade alcoolique », « la descente aux enfers ». A 2 grammes par jour, soit une bouteille de whisky et quelques bières, pour affronter la journée. « Au lever le matin, c’est les tremblements, il faut un verre tout de suite. Quand j’essayais de diminuer pour aller travailler, c’était l’horreur. Avec 0,5 g, je ne trouvais pas le bouton de démarrage de ma machine alors j’avais toujours une chopine sur moi. C’est l’horreur et surtout, ça peut arriver à n’importe qui. »

Etre malade, ça veut dire pouvoir guérir

Sa femme l’a quitté, il a eu une parenthèse avec ses enfants. Il a passé quelques coups de fils au club Sanzal avant de se décider à y entrer. C’était Noël 1988, « j’avais conscience que l’alcool et moi, on était au bout du rouleau et j’ai bien vu que je me dégradais ». Dans ce club Sanzal, il rencontre Joseph, « il m’a dit "tu n’es pas un poivrot, ni une serpillière, tu es un malade". Et pour moi, maladie ça veut dire aussi guérison. » Epaulé, conseillé par Joseph, Bernard décide seul de partir en cure. Il ne s’est jamais caché de ses collègues, sa famille et a retrouvé une femme adorable. Au début, « je me suis mis à l’abri un moment ». Donc pas de bouteille à la maison. Aujourd’hui, l’alcool est revenu sans que Bernard n’y touche. A l’usine, avec ses enfants, ses amis, nul ne l’a jamais moqué, ni incité à reboire. « Je ne me cache pas, je n’ai pas honte d’être un malade alcoolique ! Vous savez, il y a toujours des cons qui vous empoisonnent la vie, mais ils empoisonnent celle de tout le monde, pas seulement la mienne ! »

E. de R.
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